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  • Photo du rédacteurEléna

Dans la peau d'une hypersensible


Depuis toujours, ce qui caresse les autres me renverse. Petite, je me souviens d'avoir toujours eu besoin de m’exprimer, de plein de façon différente parce que j’avais l’impression de déborder. Je courrais partout, je chantais, je dessinais, mais surtout j’aimais me donner en spectacle, jouer des personnages et amuser la galerie. J’avais un besoin constant d’extérioriser ce qui se passait en moi. J’ai toujours été très observatrice, très empathique, à l’écoute et je me préoccupe de tout, tout le temps. Le manque d’emprise sur ces paramètres ont fait de moi quelqu’un d’angoissée et stressée au quotidien, même si a première vue ça ne se voit pas forcément. Du coté plus positif, j’ai toujours eu beaucoup d’imagination, et j’ai toujours été très manuelle et très créative.


J’ai vite remarqué que c’était un trait qui n’était pas très rependu, car les autres n’avaient pas toujours les mêmes réactions que moi. Ou en tout cas pas dans la même intensité.

Des crises de colère intenses, des grands chagrins, mais aussi des joies contagieuses et de l’amour à en revendre.


J’étais (et je le suis toujours) une véritable éponge. Je prends tout ce que les gens veulent bien me donner. Et même souvent ce qui ne m’est en rien destiné.

Je prends chaque mot prononcé, chaque sourire, chaque émotion visible par la gestuelle du corps, chaque regard et chaque intention. Je donne une importance excessive à la réaction que je provoque chez les gens.


Cela s’accompagne toujours de beaucoup de réflexion. Je peux cogiter pendant longtemps sur une réaction que je n’ai pas comprise, ou dont je ne m’attendais pas du tout, en particulier quand elle a été plutôt négative alors que pour moi, ce n’était pas possible d’avoir une telle réaction.


J’ai compris toute seule que je ressentais les émotions plus intensément que les autres. Attention, je ne suis pas en train de dire que j’ai plus de cœur qu’eux. Mes réactions sont vives, souvent incomprises et intenses. Avec le temps, on apprend à anticiper. On apprend à se connaitre et à identifier les situations qui pourraient susciter une réaction vive et du coup elles sont plus faciles à maitriser.


Je sais que je suis catégorisée comme la fille fragile, avec qui il faut faire attention, qu’il faut prendre avec des pincettes et à qui on ne peut pas vraiment dire ce qu’on pense de peur de la blesser et de déclencher un torrent de larmes. Mais ce n’est pas vrai. Il faut juste savoir accueillir mes émotions et surtout me laisser m’exprimer. Si je me sens en confiance et libre de pouvoir exprimer mes émotions, telles qu’elles soient, sans me sentir jugée, je pourrais mieux garder le contrôle.


Un des aspects de cette intensité d’émotion est que parfois nous ne ressentons pas une seule émotion à la fois. Parfois cela peut nous rendre un peu confus face à un mélange étrange et paradoxal de joie-amour-haine-tristesse. Donc une situation peut provoquer chez moi toutes ces émotions qui viennent selon un ordre d’importance, ou part ce que je décidais de laisser transparaitre. Il m’est déjà arrivé par exemple d’être en conflit avec quelqu’un mais de toujours lui porter beaucoup d’amour, et lorsqu’il y a eu une rencontre, c’est cet amour qui résidait-la qui s’est vu alors que je contenais également beaucoup d’émotions négatives. Les gens ont souvent pris cela pour de l’hypocrisie mais il n’en est rien. Je ne peux pas faire semblant. A contrario, les émotions négatives ont souvent pris le dessus alors que c’était un peu inattendu.


Je suis également très sensible au bruit, à la lumière et à certaines odeurs. Ce sont les trois paramètres que je ne peux vraiment pas contrôler. Question bruit, c’est surtout le volume plus que le son en lui-même qui me dérange. Je ne supporte pas le bruit d’une perceuse ou d’une cocote minute qui siffle si je suis à côté. Ça me met dans un tel état de nerfs et de rage que je ne peux pas rester sur place. Côté lumière, une ampoule qui clignote ou une lumière trop bleue me gêne beaucoup. Cela peut me donner des maux de tête instantanément, tout comme certaines odeurs.


Pendant longtemps j’ai vécu dans la crainte de mes émotions. J’ai souvent évité le conflit de peur de ne pas savoir gérer. J'évitais les situations ou j'allais me sentir dépassée. Je me suis complètement perdue (dans le bon sens) dans la musique et je me suis rattachée à des paroles de chansons et à des livres qui décrivaient avec autant de profondeur ce que je pouvais ressentir au quotidien. C’est drôle comme dans l’art, dans la musique, les poèmes et les romans, ce n’est pas une « exagération ». Alors que moi je le suis. Pour les autres bien souvent j’exagère. Mais j’ai bien vite renoncé à leur expliquer.



J’ai beau savoir maitriser (plus ou moins) ma réaction extérieure, ce que je ressens et le flot d’émotion qui me traverse à l’intérieur est incontrôlable. Je ne pourrais même pas rivaliser si je le voulais. Il y a des fois où j’ai réussi à garder mes larmes mais où je me suis sentie noyée à l’intérieur. Des fois où j’ai réussi à garder mon calme mais je brulais tellement de rage que je ressentais une vraie douleur physique. Et puis notre corps et notre esprit sont des machines dont nous ne maitrisons que peu le fonctionnement, et je sais que quand une émotion est un peu trop contrôlée, elle ne tardera pas à refaire surface d’une autre façon : en cauchemars, en souffrance physique ou encore en me rendant malade.


J’ai cependant toujours essayé de le prendre du bon côté. C’est peut-être un trait de ma personnalité mais je suis quelqu’un de sociable et de plutôt enjouée. J’ai de la chance de recevoir énormément de joie et d’amour et de pouvoir en donner en retour. J’ai de la chance de vivre dans un environnement riche et qui me fait du bien. J’ai de la chance d’être entouré de gens qui me comprennent et qui savent qui je suis et comment je fonctionne. J’ai décidé de cultiver encore plus ce côté positif en étant toujours reconnaissante. J’essaie de me dire que même si je suis inconsolable après avoir rompu avec mon copain, je sais que j’aurais ressenti et donné un amour tellement fort que je suis quand même chanceuse.


Il faut toujours garder en tête que ce qui se passe à l’intérieur de moi j’ai moi-même du mal à le maitriser. Ça part dans tous les sens et ça déborde. Garde en tête que quand j’essaie de mettre ce que je ressens en mot, c’est comme chercher une aiguille dans une motte de foin. Je vais dire beaucoup de choses, pas toujours très clair, a l’image du flot qui passe à l’intérieur. Je vais peut-être pleurer pour relâcher un peu la pression, ou alors parce que je me sens impuissante, oppressée de l’intérieur ou peut-être même seule. Cette réaction pourra te paraître excessive, ou même te faire peur, mais dis-toi qu’à moi aussi ça fait peur et qu’en plus je vais me sentir mal à l’aise de laisser paraître autant d’émotion. Ta réaction va beaucoup m’aider à savoir si je peux lâcher la pression pour essayer de mieux gérer ou si je dois continuer ma lutte pour en cacher le plus possible.


Je sais que c’est impressionnant, ça continue de m’impressionner tous les jours. Comment une si petite chose peut me rester sur le cœur si longtemps. « J’aurais dû avoir fait ça ce matin » et hop une petite dose constante de culpabilité pour tout le reste de la journée.


J’ai appris aussi que les émotions négatives restent plus longtemps que les positives. Pourtant le « pourquoi » est plutôt logique quand on y pense. Le premier but des émotions et des sentiments est de nous donner des indications sur notre environnement et donc sur nos relations. C’est avant toutes choses pour nous protéger. Pour protéger notre conscience. Tout comme nos sens sont utiles pour protéger l’intégrité de notre corps. Et même si l’homme est dans une recherche incessante de plaisir, son instinct de survie prime. Cela nous apprend à nous méfier de certaines réactions pour ne pas être blessé de nouveau.


J’ai pris les devants et j’ai appris à méditer pour contrôler ma colère. J’ai appris à écrire tout ce que je pensais pour faire face à la frustration. J’ai appris à accueillir la tristesse. J’ai appris à contenir mon excitation et à propager ma joie. J’ai appris à donner mon amour, parfois sans le mesurer, parfois en dosant un peu plus. J’apprends tous les jours à ne pas prendre tout à cœur. J’ai encore un peu de mal à doser tout ça. Je fais confiance trop rapidement et je me laisse submerger par mes émotions positives. Parfois ce flot d’émotion biaise ma réflexion et je dois prendre le temps de me calmer, de prendre du recul pour voir les choses de façon pus claires et raisonnées. Et ça c’est quelque chose qui ne deviendra jamais un réflexe parce que c’est tellement beau de se laisser porter par la joie et par l’amour.

J’ai appris avec le temps à accepter ce flot d’émotions inattendu et très intense. Et la meilleure façon de vivre avec et de les accueillir sans limites et sans honte. Si je ressens une frustration vive, j’essaie de comprendre pourquoi, je l’accepte et je lui laisse la place qui lui faut pour s’exprimer. C’est quand il n’y a plus de lutte que les choses se calment. C’est quand je ne bloque pas mes émotions que j’arrive mieux à faire le tri. Bien sûr c’est un travail d’une vie. J’aurais aimé pouvoir m’endurcir un peu mais on ne s’endurcit que face aux épreuves de la vie, et si je ne me suis pas encore faite une carapace assez épaisse, c’est que ce n’est pas utile pour moi. Je suis une éponge et je continuerais à prendre chaque miette de ce que les autres me donnes, bien ou mauvais, mais j’ai décidé d’orienter mon viseur vers ce qui est meilleur pour moi, et même si tout n’est pas toujours tout rose -et ce ne le sera jamais- je me dis que mes émotions positives me remplissent de l’intérieur et me donnent la force de continuer, et que dans la balance, ça compte toujours pour plus.


En étant très sensible du coté émotionnel, j’ai appris également à faire confiance à mon instinct et à écouter mes pressentiments. Je suis très sensible à l’ambiance générale d’un endroit, et à ce que les gens dégagent autour de moi. En rencontrant quelqu’un, je sais d’avance si je pourrais m’entendre avec elle ou non. Et quand c’est non, il y a peu de chances que je change d’avis et souvent je me braque. Heureusement, je me suis déjà trompée, et dans les deux sens : j’ai également déjà été déçue de quelqu’un avec qui j’ai eu un bon feeling au départ.


Évidemment, je vous parle de moi, avec mes mots, mon ressenti, ma vision des choses par rapport à mes traits de personnalité. Peut-être que vous êtes très sensible à la frustration et à la douleur alors que je vais être plus sensible à la culpabilité et au bruit. Chacun vit sa sensibilité de manière différente et chacun a plus ou moins appris à vivre avec ça.


Je sais que pour beaucoup, c’est un travail commencé mais souvent inachevé : ne renoncez pas. Même si ça prend du temps, même si c’est douloureux de faire face parfois. Même si vous avez l’impression d’être impuissante. Trouvez ce qui vous donne le plus de fil à retordre et au contraire ce qui vous fait du bien. Et surtout, relativisez. C’est super-facile à dire mais pour moi prendre du recul et essayer de voir les choses sous un autre angle sont les choses qui ont tout changé.


Et le meilleur pour la fin : acceptez-vous, tout entiers, avec cette immense cascade d’émotion qui ne cesse de couler. Vous êtes uniques, vous êtes rares, et vous avez une valeur immense, qui n’est pas définie par la façon dont vous vivez vos émotions !


Elena

 

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